Krisha et le maître de la forêt
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Au sein de la toundra sibérienne, la jeune Krisha et sa famille font partie d'une communauté d'éleveurs nomades de rennes. Lorsque sa mère tombe malade, Krisha, sur les conseils d'une chamane, décide de partir à la recherche d'un mystérieux ours rouge considéré comme le « Maître de la forêt ».
Réalisé avec des marionnettes animées en stop-motion, ce film d'animation coréen développe une attention documentaire à la vie d'éleveurs nomades de rennes de la toundra sibérienne. L'histoire est portée par le récit initiatique d'une petite fille, appelée à vivre de grandes aventures avec son petit frère en partant à la recherche d'un personnage mythologique : l'Ours rouge, considéré comme le Maître protecteur de la forêt. À l'instar des personnages d'Hayao Miyazaki, l'héroïne est une petite fille ouverte à l'imaginaire qui n'a pas peur d'aller là où les adultes ne vont plus, guidée par sa communion profonde avec la nature.
Krisha et le maître de la forêt apporte en outre une grande attention à la représentation du mode de vie des éleveurs nomades et de leur environnement grâce à une animation qui utilise un savoir-faire artisanal dans sa conception des décors et des marionnettes. L'équipe a évité la conception assistée par ordinateur en 3D, ce qui donne une personnalité forte au film, considéré comme le premier long métrage en stop-motion de Corée du Sud. Krisha et le maître de la forêt met en valeur la tradition multiséculaire d'un mode de vie face à l'esprit colonisateur néfaste de l'officier soviétique. Il permet de sensibiliser les enfants au respect de l'environnement grâce à un récit prenant et fantastique particulièrement original.
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Le réalisateur Park Jae-beom témoigne sur l'importance du point de vue documentaire sur le film : « j'ai étudié attentivement les livres et les documentaires qui se rapportent à la toundra et à la Sibérie pour essayer de m’informer le plus précisément possible sur la vie des peuples nomades. J'ai examiné de près jusqu’à leurs plus petites habitudes et chacun de leurs comportements. J'ai aimé leur manière de vivre en communion avec la nature et l'environnement. Cela m'a beaucoup aidé à concevoir l'ambiance et l'image du film. J'ai aussi rencontré Jang Kyung-soo, le réalisateur de The Last Tundra et Guardians of Tundra. Il m'a raconté beaucoup d'histoires sur la toundra. Nos échanges m’ont permis de préciser ma pensée en différenciant ce qui relève du réel de ce qui relève de mon imagination. »
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Les Nenets (ou Nénètses), dont s’est inspiré Park Jae-beom pour le film, sont un peuple autochtone de Russie qui vit à proximité du cercle polaire. Ils sont 45 000, et 10 000 d’entre eux maintiennent avec dévotion leur mode de vie ancestral. Les Nenets dépendent des rennes pour leur subsistance. Ils entretiennent avec eux une relation particulière, puisqu'ils les considèrent comme un don que leur fait la nature en échange du soin qu’ils lui prodiguent. Leur religion est basée sur un système de croyances chamaniques et animistes : la Terre et ses ressources font l’objet d’un culte. Le ou la chaman·e, très respecté·e, est appelé·e un·e tadibya·en : c’est le médiateur entre le monde des esprits et le monde terrestre.
Leur mode de vie est donc en parfaite harmonie avec leur environnement. Chaque printemps, ils migrent vers le nord, à l'automne vers le sud, et en hiver jusqu'au cercle polaire arctique, à la recherche de nouveaux pâturages pour les rennes.
Toutefois, bien que vivants en quasi autarcie, ils sont victimes du changement climatique qui affecte la nourriture des rennes. De plus, la découverte de réserves de pétrole et de gaz dans la région du Yamal, ainsi que les travaux entrepris par le gouvernement russe pour les exploiter a perturbé leur mode de vie en touchant les pâturages et les routes de transhumance, poussant certains Nenets à quitter leur vie de nomades pour s'installer en ville.
Ce long métrage peut être vu avec les plus grands à partir de 9 ans, en raison notamment de la traque du chasseur qui pourrait effrayer les plus petits, et d'une scène où l'on découpe de la viande de renne. En revanche, le film ne met aucunement mal à l'aise.
